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À demain

24 avril 2024

C'est pas la forme. Je savais que ça ne serait pas simple, que sortir de l'hôpital n'était que le premier pas et que les autres seraient tout aussi difficile.

Les habitudes de ma vie d'avant l'hôpital reviennent au galop et ce que j'ai appris durant ces dernières semaines est très dur à maintenir. Le stress, l'hyperphagie, l'ennui, le vide de sens, ... Tout ça, je ne l'ai pas laissé aux portes de l'hôpital.

Alors je suis là, seule dans la cuisine. Entre les odeurs de mon repas en train de cuire, une heure en retard selon mes routines, et les odeurs du paquet de lessive posé à même le sol. Assise à cette petite table qu'on utilise jamais et qui se retrouve être le lieu de spectacle de cette pyramide de thé que j'aime tant voir.

Petite pause pour mettre les pates dans l'eau et retourner le steak surgelé.

Pourquoi j'écrivais déjà ? Ah. Oui.

C'est pas la forme.

La journée a été triste est vide de sens. J'ai de nouveau empêcher le silence de s'exprimer en le noyant sous des vidéos youtube, du travail associatif et des tiktok. Tout comme avant. J'ai revu ces habitudes prendre le pouvoir sur moi et je n'en veux pas. Je vis ici comme si rien n'étais arrivé. Comme si je n'avais pas voulu mourir il y a ...

Oh.

Ça fait un mois.

À cette heure il y a un mois j'étais en train de pleurer en élaborant un plan. J'étais en train de crier en silence la douleur que je ressentais si violemment. J'avais ce vide intérieur et définitif qui m'amenait vers ce vide total, et définitif.

Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'une grande partie de ma situation n'a pas changé. En même temps, je ne veux pas tout changer, et surtout, on ne va pas mieux aussi vite (même si j'aimerais bien).

Il y a eu pleins de victoire ces derniers temps. Aujourd'hui est un jour pour me rappeler qu'avancer ce n'est pas toujours gagner. Aujourd'hui est là pour me rappeler que je vais mal, que les problèmes ne sont pas résolu, que les traumatismes et violences n'ont pas disparues. Alors j'accepte que ce soir ça va pas. Que malgré qu'aujourd'hui on me dise beaucoup "Tu as l'air d'aller mieux", et que même si ça m'aide et me fait plaisir.

Aujourd'hui est là pour me rappeler que...

Il y a tout juste un mois on me disait déjà la même chose.

Il y a tout juste un mois j'allais encore plus mal.

Il y a tout juste un mois je voulais mourir.

Il y a tout juste. Un mois. Je n'imaginais plus un seul demain.

Je mangerai demain. Ce soir je peux pleurer en paix.

Je mangerai demain. Ce soir je ne vais pas bien.

Je mangerai demain. Ce soir je prends un Xanax pour me calmer.

Je mangerai demain. Car il y aura un demain.

Il y a tout juste un mois, j'ai appelé à l'aide.

À demain.


Demain, apprendre à marcher