Photos : Océane Feld - Instagram
Je ne sais pas ce que cette feuille blanche disait de moi, de mon rapport à l’art et à ce personnage que je pensais avoir créé. Alors j’ai de nouveau pris mon stylo, en tentant de me laisser porter par ce que le regard d’Océane me proposait.
J’y ai vu ma chambre, d’une manière très intimiste et presque enfantine. Emplie des peluches qui gardent mes cauchemars la nuit. Je l’ai vu avec cette version de moi qui nécessite toujours beaucoup de préparations, de réflexions, qui n’est jamais soumise au hasard, avec ce personnage drag qui semblait ne pas être à sa place. Un contraste entre une moi brut et incapable d’être social comme je le suis toujours dans ma chambre, et ce personnage qui m’autorise à enfin avoir un masque dans lequel je me sens à l’aise.
Voir cet espace, dans lequel je suis si souvent prise par la solitude que j’en oublie que le monde existe, accompagné de cette robe, que des centaines de personnes ont vu sur scène crier ma douleur et mes pleurs, me fait me rendre compte de quelque chose de frappant.
Je pensais que ces photos montreraient le grand écart entre l’intime de mon lieu de rêve et l’aspect public de mon personnage drag, mais elle me montre tout l’inverse. Que ce sont les mêmes personnes, perdues dans des océans d’émotions, essayant tant bien que mal de comprendre ce qu’elles ressentent et comment l’exprimer. Orchidée les exprime sur scène, moi, dans les mots.
J’aime beaucoup les ombres colorées, comme si mes autres personnalités venaient se manifester pour participer à cet instant si singulier. Cette personne, avec un appareil photo, que j’apprécie beaucoup et dont j’admire le travail depuis longtemps, en train de capturer avec son oeil si unique, la multiplicité de mon identité, de mes souvenirs. Cette personne qui met devant ce mur de photos la version de moi qui m’a permis de les créer, pour que moi, Elisabeth, je ne les oublie pas. Orchidée les portes presque en trophée.
Cette personne, Océane, à qui j’ai ouvert la porte de mon intime, qui vient me montrer à moi, Elisabeth, ce personnage d’Orchidée Fantôme, ce personnage qui m’a créé.