Je ne suis plus là.
Spectatrice derrière mes yeux.
Mes sens n'existent plus.
Je ne suis plus synchronisée à la réalité.
J'observe, attentive et seule, mon corps et mes paroles m'être arraché pour suivre un scénario dont je ne peux qu'observer le résultat.
Une solitude au sein même de l'enveloppe qui m'est imposée.
Mes mains ne portent plus.
Ma voix est celle d'un-e étranger-e.
Votre bleu n'est plus le mien.
Vos paroles ne sont que des répliques auxquelles mon corps doit répondre.
Je n'existe plus.
Prisonnière du vide.
Je regarde ces mains, ce corps, ces habits, qui ne sont plus les miens. Rien ne peut l'être, car je n'existe pas.
Le calme du vide et de l'inexistence, remplacé par la panique et le vertige de l'inexistence.
À qui sont ces yeux qui me regardent dans le miroir ?
Qui suis-je et comment suis-je si je n'existe pas ?
Pourquoi ces mains sont attachées à moi ?
Moi ?
Pourquoi le poids de ces habits m'est donné ?
Comment un-e étranger-e peut parler à travers ma bouche ? Je ne reconnais pas cette voix qui parle pour moi.
Mon prénom n'a aucun sens.
Assommée par les questions et la réalité d'une chute libre. Frappée par le vol de mon corps et de mes sensations. J'ai besoin qu'on me les rendent.
Orpheline de corps et de sensations.
Comment exister ?
Comment me débarrasser de l'absence de perception de ma propre réalité ?
Comment se débarrasser du vide ?
Comment exister quand notre corps n'est plus ?
Piégé-e derrière mes yeux je n'ai plus aucun contact à la réalité mes sens ne sont plus relié à ma personne
Reclue. en position foetale au sein de ce qui semble être mon corps. Il se tient debout, bouge, parle, existe, sans ma conscience ni mon autorisation.
Seul-e. Le plus que l'on puisse l'être dans le monde. Seul-e car sans corps ni sensation. coupé-e de ce qui fait le lien entre vous et moi. entre le monde et moi, entre mon corps et moi